lundi 2 juillet 2012

LA FERMETURE D’UN SITE INDUSTRIEL


Nous entrons dans une période extrêmement difficile sur les plans économiques, sociaux et politiques et réduction d’effectifs, fermetures d’usines vont se succéder dans les prochains mois.

Notre réflexion ne porte pas sur le bien fondé de ces plans sociaux mais sur les choix de fermeture d’un site plutôt qu’un autre dans les groupes industriels.


J’ai vécu cette problématique à plusieurs reprises et il n’y a pas que des arguments rationnels qui rentrent dans la prise de décision des dirigeants.

Ces décisions sont toujours présentées avec des éléments rationnels et paraissent logiques si on s’arrête à une analyse de premier niveau.

Ainsi les raisons économiques, de gestion sont bien sûr systématiquement mises en avant.

Les indicateurs sont au rouge (productivité, qualité, sécurité…) et on compare les performances des sites entre eux, ce qui paraît normal.

Mais ce sont en fait les aspects sociaux qui priment généralement dans la décision. Ainsi un site connaissant des mouvements de grève, un mauvais climat social aura toutes les chances d’être désigné comme étant celui devant fermer.
Comme un mauvais climat entraîne des résultats économiques négatifs ce sont ces derniers qui sont mis en avant par la direction du groupe.

Le site pourra « en réchapper » si ses dirigeants (Directeur d’usine et son codir) savent instaurer un vrai dialogue social et diagnostiquer les dysfonctionnements.

Le plus souvent on trouve des problèmes de management et de communication interne, un manque d’écoute et un déficit de considération vécu par le personnel.

La considération est l’élément de management le plus important, celui qui permet de franchir des montagnes ou de tout faire rater.
L’erreur est d’incriminer les organisations syndicales alors que l’on a les OS qu’on mérite.
Une pression syndicale forte et revendicative (jusqu’à l’apparition de mouvements sociaux) signifie une carence de management du codir et un manque d’occupation du terrain par celui ci.

C’est souvent ce codir qui est à  « traiter » sur le plan de la qualité de son management.
Par ailleurs on traite souvent quasi exclusivement les revendications matérielles (salaires, primes…) alors que celles ci ne sont que l’expression d’un malaise collectif qui lui est rarement pris en compte : c’est l’affectif collectif qui parle et si celui ci n’est pas pris en compte les risques de blocage sont importants.

A ce propos les indicateurs des risques psychosociaux sont de bons révélateurs de ces malaises.

Au final les vrais leviers de la pérennité d’un site se trouvent dans l’humain, dans l’attention portée aux hommes : c’est très connu, « notre première richesse, ce sont nos collaborateurs » mais trop peu pris en compte dans les faits. On s’étonne que des organisations syndicales voire politiques prennent le pouvoir dans certaines usines
Mais c’est le résultat d’une politique uniquement tournée vers les objectifs économiques et qui oublie l’homme !

Pour sauver un site, il faut un projet fédérateur et mobiliser l ‘ensemble des collaborateurs autour. Faire appel à la fois à la raison mais aussi à l’émotion collective qui un puissant levier tant vers le positif que vers le négatif.

3 commentaires:

  1. Le dialogue social est, j'en suis sûre, la clé de la réussite des entreprises. Mais l'instauration du dialogue social n'a-t-elle pas un coût? Si oui, comment de petites entreprises peuvent-elles se permettre de mettre en place ce dialogue? Merci d'avance pour tes lumières...!

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  2. Non, le dialogue social ne coûte rien ou si peu à l'entreprise: c'est une question d'état d'esprit, de comportement managérial.
    S'intéresser à l'autre, à ses collaborateurs en pratiquant l'écoute active, en se préoccupant de leurs problèmes personnels permet de (re)donner de la confiance et tout le monde est gagnant-gagnant.
    Le salarié travaille mieux, il sait qu'il sera évalué justement et qu'on l'aidera à progresser.Le faire participer aux décisions, à leur mise en oeuvre est un excellent moyen pour qu'il s'approprie les objectifs de l'entreprise.
    L'homme travaille pour gagner sa vie bien sûr mais surtout pour se sentir considéré, savoir que l'on a une utilité sociale.
    une histoire du moyen-âge:

    Un passant se promène sur un chemin et voit un ouvrier avec un marteau et une pierre: "que fais tu là?" lui demande t-il?
    " je casse des cailloux toute la journée et c'est fatiguant et inintéressant " répond l'ouvrier.

    Le passant continue sa route et rencontre un autre ouvrier faisant la même tache à qui il pose la même question.
    Celui-ci répond:

    " je construis une cathédrale"

    Donner du sens au travail c'est l'inscrire dans quelque chose de positif, dans l'avenir.

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  3. Cette fois l'annonce est officielle, le site d'Aulnay s/bois de PSA va fermer.
    C'est un site que je connais bien pour y avoir travaillé plusieurs mois notamment en ayant géré un conflit social au montage.
    Le site est "réputé" difficile sur le plan social et le management n'a pas toujours été à la hauteur vs les problèmes sociaux et il était évident que ce site serait sacrifié un jour ou l'autre!
    Je ne remet pas en cause les problèmes de surcapacité de production du groupe, mais la manière de gérer les hommes par certains directeurs et ingénieurs.
    Restent 3300 P. sur le carreau bientôt sans compter les salariés des équipementiers et autres emplois indirects.
    Il y a un certain gâchis humain dans cette affaire et si la direction au sens large y est pour beaucoup dans cette triste conclusion, il ne faut pas oublier la responsabilité de certains syndicats qui prônaient l'arrêt du système capitaliste sur le site, ils doivent être satisfaits, leur va fermer!

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